Lola Nicolle et Sandrine Thévenet ont édité « Le premier homme du monde », roman de Raphael Alix aux éditions Les Avrils qu’elles ont fondées.
Elles ont accepté de répondre à nos questions !
Bonjour Lola, Bonjour Sandrine,merci d’avoir accepté de participer à cette interview.
Pourriez-vous nous raconter un peu vos parcours d’éditrices et nous expliquer ce qui vous a amenées à fonder les éditions Les Avrils ?
Nous avons travaillé ensemble une première fois entre 2013 et 2015. Lola faisait son apprentissage aux éditions Liana Levi dans le cadre du master de Paris XIII-Villetaneuse. Sandrine y était responsable éditoriale, notamment en charge du développement de la littérature française (elle publiera les premiers textes de Vanessa Bamberger, Estelle-Sarah Bulle, Négar Djavadi ; les romans de Lucile Bordes, Didier Castino, Aline Kiner, Paola Pigani…).
Lola travaille ensuite aux éditions Héloïse d’Ormesson avant de rejoindre en 2016 L’Iconoclaste où elle a notamment publié Jean-Baptiste Andrea et Mathieu Palin.Depuis, nous n’avons jamais cessé de partager nos regards de lectrices, d’échanger sur nos pratiques d’éditrices, de confronter nos intuitions. Nous parlions souvent d’un futur projet commun (une revue ? une agence ? Une maison, c’était un rêve bien sûr, mais il fallait trouver le bon montage).
Nous sommes différentes et complémentaires mais fondamentalement unies par une certaine vision du métier d’éditeur alliant exigence littéraire et volonté de porter loin chaque parution, chaque univers d’auteur, par l’ambition d’un projet solide à construire dans la durée.
Quelle est la ligne éditoriale de cette maison qui publie des textes très originaux, audacieux et assez inclassables ?
Concernant la ligne, on pourrait dire qu’elle questionne l’époque. Dans cet entre-deux siècles où chacun cherche à mieux appréhender le présent et à déjouer les incertitudes de l’avenir, la littérature, le regard singulier que pose l’écrivain sur ce qui l’entoure, demeure un outil unique pour comprendre, ressentir, s’émouvoir.
Lorsque l’on nous interroge sur nos critères de sélection, nous disons souvent que nous cherchons un style, une histoire et un propos. Ce n’est pas une question de sujet, mais une manière de raconter, le regard d’un auteur, un angle. Si on a envie d’un sujet, on lit le journal.
Mais nous cherchons davantage un propos et, pour l’explorer, une démarche créative (voix, construction, point de vue…). Nous écoutons les fréquences basses, et les écrivains sont des éponges sensibles incomparables pour sentir ce qui est latent ou intemporel dans la société.
Comment avez-vous découvert le manuscrit du « Premier homme du monde » et qu’est-ce qui vous a donné envie de le publier ?
Lola a reçu le premier texte de Raphaël Alix lorsqu’elle travaillait à L’Iconoclaste. Il y avait déjà dans ce texte tout son talent, son univers. Mais ce premier manuscrit n’était pas abouti sur le plan narratif.
Quelques mois plus tard, Raphaël a renvoyé un nouveau manuscrit. Il s’agissait de celui du Premier Homme du monde. Cette fois-ci, le style poétique et cinématographique de Raphaël Alix était bien au service d’un projet narratif solide, et surtout d’un propos.
C’est cela qui nous a plu ; une plume légère et imagée pour réfléchir aux nouvelles formes de masculinité.
Quels sont les projets des éditions Les Avrils dans les mois qui viennent ?
En avril, notre mois fétiche, nous sommes très heureuses de publier deux livres. Le troisième roman de Didier Castino Quand la fille tombe, auteur que Sandrine a publié par le passé chez Liana Levi et dont nous adorons l’œuvre littéraire, entre intime et politique. Et un deuxième, qui est projet fou. Il s’intitule La Famille, itinéraires d’un secret. Il s’agit du tout premier récit sur une communauté religieuse implantée depuis plus de 200 ans en plein Paris.
Un grand merci aux éditrices pour leur disponibilité !
L’interview de Raphaël Alix est disponible en podcast sur le site de Bac FM sur ce site en suivant ce lien.