Rédiger un dialogue vivant

Rien de tel qu’un petit bout de dialogue pour dynamiser une description ou une narration. Oui, mais comment écrire ce morceau de parole directe ? Doit-il être le reflet exact de la parole dite ? Avec les marques de l’oralité ?

Pour le savoir, posons-nous d’abord une question simple :

À quoi sert le dialogue ?

À caractériser la voix du personnage et à le fait vivre de manière directe dans l’esprit du lecteur. Pensez à tonton Henri, à sa manière de rouler les « r », ou à Tata Huguette et son habitude de finir toutes ses phrases par « tout de même ! ». Leurs mots les rendent présents.

Voilà ce qu’il importe de restituer. C’est plus simple qu’on ne l’imagine.

Oui mais comment faire ?

En fiction comme dans un témoignage, le plus efficace est de donner l’impression de la vérité. Faire parler de manière vraisemblable, sans forcément respecter le réel à la lettre.

Adapter les mots aux personnes qui parlent

Chaque personne a son vocabulaire et ses tics de langage spécifique. À vous de le retranscrire (sans exagérer) au fil des phrases de vos personnages. Je me souviens par exemple de mamie Jeanne qui dormait toujours sur un « polochon » et bon-papa Edmond sur un « traversin » !

Varier les longueurs de phrases

L’alternance de répliques courtes et longues dynamise le dialogue et lui donne un effet de ping-pong vivant qui mime la réalité. Même si ce n’est pas exactement ainsi que les phrases ont été prononcées !

Les signes de ponctuation aident aussi manifester la vie des phrases : ils constituent une ressources précieuse pour écrire les voix.

« Dit-il »

Pour être efficace, utiliser peu de verbes déclaratifs différents (annonça-t-il, ajouta-t-il…) est l’idéal. « Dit-il » suffit en général. Il est très simple et dit bien ce qu’il veut dire 🙂 .

À éviter : les verbes qui n’expriment pas la parole, comme « sourit-il ». Heureusement, vous avez l’embarras du choix avec tous les verbes de la langue française, de « grommeler » à « s’exclamer » en passant par « murmurer » ou « renchérir » !

Mais le mieux reste d’en utiliser le moins possible : une fois qu’on a mis le premier pour indiquer qui parlait, s’il n’y a que deux personnes, alors on peut continuer tranquillement. Sans compter que les mots du dialogue eux-mêmes expriment déjà en grande partie l’état d’esprit du personnage.

Manifester les sentiments du personnage

On est souvent tenté de rajouter des éléments qui disent dans quel état d’esprit est le personnage :

« … dit-il, furieux ».

Alors qu’il est plus efficace de faire passer le sentiment dans les mots mots eux-mêmes, ou dans une phrase qui montre l’attitude du personnage. Quelqu’un de furieux pourra par exemple froncer les sourcils, serrer le poing, taper sur un objet… Le lecteur verra la colère d’une manière concrète et non pas de manière intellectuelle et abstraite : chacun a sa manière d’être en colère. Comment était tonton Henri quand il était en colère ? Quel geste faisait-il ? C’est ce mouvement qui accompagnera efficacement la phrase que vous mettrez dans sa bouche.

– C’est hors de question ! dit-il, les mains tremblantes.

Pour aller plus loin

Il y aurait beaucoup à dire sur le dialogue, des livres entiers lui ont été consacrés (si si !), cet article ne fait qu’effleurer la question mais devrait vous permettre de débroussailler un peu.

L’étude des dialogues de vos auteurs préférés est aussi un excellent moyen de réfléchir à l’écriture des vôtres !

Et vous, quelles sont vos principales difficultés quand vous écrivez un dialogue ?